Magdalena, un portrait de Madeleine M…

Symphonie concertante pour clarinette et grand orchestre

Un voyage à travers des épreuves, des crève-cœurs, des élans passionnels à sens unique, des ambiances de dureté citadine parfois triviales… existe également en version clarinette et piano. La partie de piano, longue et difficile, risque de rebuter la plupart des pianistes, qui auraient de quoi reculer devant un tel investissement de travail. Je me suis donc attelé à une version pour clarinette et piano à quatre mains, plus réaliste !

Le thème initial, pour clarinette seul, pourrait représenter le cœur même, pur et sans défaut, de la femme évoquée, au-delà de toute « histoire personnelle ». Dans la version avec piano, la clarinette résonne dans celui-ci (l’accompagnement est constitué de simples silences avec des changements de pédale), pour exprimer un cet état de conscience originel, « spacieux », au-delà de l’agitation de l’ego, comme Eckhart Tolle le transmet dans ses enseignements spirituels.

Le début de l’histoire, amorcé par un arpège venimeux, correspond au début du cauchemar. L’entrée de l’orchestre donne une impression de chute dans un monde kafkaïen, avec l’intégration d’un sifflement d’éoliphone (machine à vent), un vent froid, en l’occurrence. Train-train quotidien, force motorique faussement dynamique et joyeuse, qui se transformera peu à peu en agitation citadine insensible et déshumanisée, teintée d’élans sensuels effrayants car dénués de sentiments, d’empathie. Les thèmes « d’amour » sont pétris de l’angoisse du rejet.

Une marche d’une lourdeur grotesque pourrait suggérer la victoire de valeurs matérialistes à travers l’évocation d’un rival triomphant, au volant d’une grosse voiture !

Les thèmes d’amour, écrasés, anéantis, n’en finissent pas de s’effilocher comme des souvenirs qui ne peuvent mourir, à la manière de bandes de brouillard, de rages de dents…

Peu à peu, les figures nerveuses entendues précédemment se transforment en chants d’oiseaux sur les thèmes lyriques ralentis…les mélodies de séduction gorgées de tristesse se montrent maintenant sous leur aspect véritable : la pureté d’une figure féminine presque enfantine, sous forme d’une berceuse…l’accompagnement s’amenuise progressivement jusqu’au silence, et nous retrouvons le thème initial, nimbé de ce rien, de ce « neutre » originel, qui nous donne la curieuse impression que toute l’agitation du morceau n’était qu’un mauvais rêve, une parenthèse temporelle, et que l’essentiel, situé dans un « non-temps », ne peut en être affecté.